Lyme, cette maladie qui divise les spécialistes
le 12/03/2013 à 05:00 Vu 5127 fois
La maladie de Lyme, encore mal connue en France, semble toucher de plus en plus d’habitants de Saône-et-Loire.
On l’appelle « la grande imitatrice » : elle déclenche une telle diversité de symptômes qu’il est difficile de ne pas la confondre avec une autre pathologie. La maladie de Lyme commence tout juste à se faire un nom en France, où elle divise la communauté médicale sur son traitement.
Une maladie, 46 symptômes
Cette maladie bactérienne, appelée aussi borréliose (du nom de la bactérie, la borrélie) est le plus souvent causée par une morsure de tique. Geoffroy Gris, 27 ans, de Mâcon, se souvient de celle qu’il a subie, il y a quelques mois. « Lors de l’une de mes sessions de pêche, je suis allé en Bresse, à Viriat, où c’est rempli de tiques. J’en ai eu une sur le genou. Puis j’ai eu un bouton rouge, qui s’agrandissait. » Cette éruption cutanée est souvent (mais pas toujours) le premier stade de la maladie. On l’appelle l’érythème migrant. Il apparaît parfois sous forme d’auréole. Geoffroy Gris a ainsi atteint le premier stade de la maladie de Lyme. Son médecin a vite décelé le problème, et lui a donné des antibiotiques, empêchant manifestement le mal de s’installer.
Problème, ce dénouement rapide et positif semble être une exception. Car les médecins français ont souvent un mal fou à déceler la maladie de Lyme. Ce qui peut se comprendre car lorsqu’elle se développe, elle s’installe peu à peu dans tous les organes du corps humain. L’association France Lyme répertorie ainsi pas moins de 46 symptômes provoqués par la borréliose. On y trouve des douleurs articulaires, la difficulté de marcher, une grande fatigue ou encore des palpitations cardiaques.
« Mon médecin ne m’a pas crue »
Annie, enseignante chalonnaise de 57 ans, a contracté la maladie en 2008. « Je tanguais au tableau. Je ne pouvais plus m’asseoir, plus conduire. Je suis tombée dans la dépression. Et personne ne comprenait pourquoi j’avais mal. »
Et à force de ne rien trouver, les médecins finissent parfois par décider qu’il n’y a rien à chercher. « Le mien ne m’a pas crue, raconte une patiente bressane. Il m’a diagnostiqué une fibromyalgie (douleur musculaire chronique, NDLR), et m’a conseillé des cannes ou un déambulateur. Mais moi, je voulais soigner les causes, pas les symptômes. Il a fallu que je me débrouille toute seule. » Joëlle Parra, de Savigny-en-Revermont, a connu le même problème. « Mon test sanguin était positif, mais le médecin a dit que ça ne voulait pas forcément dire que la maladie était active. Il m’a dit de prendre des vitamines. » Autre problème, le test sanguin français, nommé Elisa, ne serait pas fiable, selon de nombreuses associations. Annie, Joëlle et beaucoup d’autres ont ainsi dû envoyer leurs prélèvements par courrier à un laboratoire strasbourgeois, qui pratique un autre test sérologique, pour que leur maladie soit détectée (voir ci-contre). « On dit aux gens qu’ils sont négatifs alors qu’ils sont porteurs de la maladie », peste Annie.
Aujourd’hui, les patients ne demandent qu’une chose : qu’on arrête de faire l’autruche sur le problème en France. Et ce à tous les niveaux. « Je trouve inadmissible qu’il n’y ait aucune prévention sur les risques liés aux tiques, indique Geoffroy. C’est une maladie réelle, très dangereuse. Une morsure de tique, faut pas chercher, c’est tout de suite deux semaines d’antibiotiques. »