ne jugez pas sans savoir..... jamais......
" projet Santé Corps Esprit" du 20.07.16.
Avez-vous une « maladie invisible » ?
Si vous voyez une personne se garer sur une place handicapée et sortir de sa voiture en marchant tranquillement…
…je vous en supplie, ne la jugez pas, n’intervenez pas.
Sa maladie est peut-être invisible.
Pour Sophie Benarosh, cela a commencé alors qu’elle était cadre très dynamique d’une multinationale américaine.
Une maladie lourde, orpheline, incurable lui est tombée dessus brutalement : le « syndrome de fatigue chronique ».
Bientôt, sa vie est devenue une lutte permanente. Le simple fait de sortir de son lit était une épreuve.
Frappée d’épuisement, de douleurs et de malaises, elle a logiquement
obtenu l’autorisation de garer sa voiture sur les places pour personnes
handicapées.
Mais voyez ce qui peut arriver aux personnes dont la maladie ne se voit pas :
Lorsqu’elle a commencé à se garer sur l’emplacement handicapé près de
chez elle, sa voiture est devenue « un véritable punching-ball : traces
de coups, nombreuses rayures de clés sur la carrosserie ».
Car le «
problème » est qu’elle n’était pas en fauteuil roulant. Elle n’avait
pas « l’air » handicapée. Un jour, après être péniblement sortie de sa
voiture, un homme l’a couvert d’injures (« voleuse », « usurpatrice »
!).
Et comme si cela ne suffisait pas, la police a fini par frapper à
sa porte parce que des voisins « bienveillants » avaient déposé des
plaintes anonymes.
« Arrêtez de penser que j’invente une souffrance ! »
Mais cet épisode, aussi révoltant soit-il, est presque anecdotique pour Sophie.
Là n’est pas sa réelle détresse, ni celle des millions de personnes qui, comme elle, souffrent de maladies invisibles comme :
•Les maladies de l’intestin ;
•Les dépressions ;
•La fibromyalgie ;
•La sclérose en plaque ;
•La polyarthrite, l’arthrose ;
•Les douleurs chroniques inexpliquées ;
•Le lupus et autres maladies auto-immunes ;
•L’endométriose ;
•Les migraines chroniques ;
•Lyme, et tant d’autres maladies encore…
Contrairement aux personnes défigurées ou handicapées physiquement,
ceux qui en souffrent ne subissent pas les regards curieux, obliques ou
inquiets des inconnus.
Mais – et c’est parfois bien pire – parce que
leur maladie est invisible, ils doivent souvent vivre avec
l’incompréhension des personnes qui leur sont les plus chères.
Sophie Bennarosh raconte l’isolement terrible qu’elle a vécu auprès de sa famille et de ses amis :
« Sur la souffrance physique et l’isolement, se greffe le sentiment de
suspicion que je perçois chez chacun de mes interlocuteurs. J’ai envie
de hurler « Croyez-moi ! Arrêtez de penser que j’invente une souffrance !
»
Sophie en est venue à regretter de ne pas avoir de stigmates physiques. Son apparence « intacte » la dessert.
Car nos intuitions sont formelles : être malade, c’est avoir l’air
malade. C’est être couché sur un lit d’hôpital, en fauteuil roulant ou
marqué dans sa chair, par un amaigrissement extrême, ou une pâleur
cadavérique.
C’est instinctif. Qu’il s’agisse de votre propre sœur
ou d’une personne que vous venez de rencontrer, vous aurez toujours la
plus grande difficulté à imaginer qu’elle va mal, si elle se tient
debout, les joues roses.
Mais voici ce qui peut se passer derrière les apparences :
« Comment lui faire comprendre qu’au moment où elle me parle, je
ressens de violentes douleurs comme une multitude d’aiguilles enfoncées
dans ma peau, accompagnées de brûlures musculaires et de fers de hache
qui me traversent le corps. Ou des vertiges, l’impression d’avoir une
très forte fièvre ou je ne sais encore quel malaise simultané. »
L’incompréhension est sans doute ce qu’il y a de plus douloureux dans les maladies invisibles.
Le pire : affronter seul la douleur et la maladie
L’être humain peut supporter les pires épreuves, y compris l’approche
de la mort, s’il est entouré de chaleur, d’amour et de compréhension.
Pensez aux « poilus » dans les tranchées, il y a 100 ans. Malgré
l’horreur du quotidien, une chose les faisait tenir : l’atmosphère de
profonde camaraderie qui régnait entre ces « frères d’armes ». Qui se
comprenaient intimement parce qu’ils vivaient la même chose.
D’où la
déception et l’isolement que beaucoup d’entre eux ont ressenti à la fin
de la guerre, de retour auprès de leurs proches. En apparence, ils
étaient les mêmes. Mais intérieurement, ils avaient profondément changé.
Leurs proches voulaient revivre leur vie « comme avant ». Eux en
étaient souvent incapables. Ce qu’ils avaient vécu les avait marqués de
façon indélébile. Et ils avaient le plus grand mal à l’expliquer, à
faire comprendre leur état.
Les malades invisibles connaissent ce sentiment.
Mais ils doivent en plus faire face à une terrible suspicion. Et s’ils «
jouaient la comédie » ? En « faisaient un peu trop pour se faire
plaindre » ? Ne seraient-ils pas un peu fainéants ? Un peu « chochotte »
?
Un peu comme si vous étiez agressé, en plein jour… Vous criez au
secours… mais les amis qui vous accompagnent rechignent à vous aider.
Ils ne sont pas sûrs que vous soyez vraiment en danger. Ils se demandent
même si vous ne l’avez pas un peu « cherché ».
Ceci, au moment où vous avez le plus besoin d’empathie et de soutien.
Mon expérience personnelle de la « maladie invisible »
J’ai personnellement souffert d’une maladie invisible.
A un niveau « modéré », fort heureusement ! Je n’ai jamais vécu l’incapacité de sortir de mon lit.
Mais j’ai subi pendant des mois, des années, un état de fragilité
prolongé : l’équivalent, certains jours, d’une chute d’hormones (moi qui
suis un homme !) accompagnée d’un brouillard mental handicapant.
Il
m’est arrivé de passer des heures devant un ordinateur, à essayer de
déchiffrer un simple texte. Je lisais les mots sans en comprendre le
sens. Je mettais 30 minutes à faire une tâche qui m’en demandait 5 en
temps normal.
Mais cela ne se voyait pas. Difficile pour mes proches de le comprendre.
Si j’essayais d’être positif et de ne pas parler de mon problème, ils
pensaient que je n’avais aucun souci, ou semblaient l’oublier. Si
j’essayais d’être honnête et d’en parler ouvertement, ils pensaient que
j’étais trop obsessionnel et que c’est cela qui me rendait malade.
Au pic de mes difficultés, j’ai été contraint de me mettre à mi-temps
dans mon travail – j’ai eu la chance d’avoir un employeur compréhensif.
Puis, j’ai changé beaucoup de choses dans ma vie : mon alimentation,
mon activité physique, la gestion de mon stress. J’ai déménagé. J’ai
pris des compléments alimentaires, essayé de multiples méthodes et
thérapies. Certaines m’ont énormément aidé.
J’y reviendrai dans
d’autres lettres. Si vous êtes dans cet état vous aussi, retenez
simplement que des solutions naturelles existent.
Mais je voudrais m’adresser aujourd’hui à ceux qui ne sont PAS touchés.
Et leur proposer ce conseil s’ils ont, dans leur entourage, une personne dans cet état.
Ce qu’il faut éviter de dire aux personnes qui ont une maladie invisible
•« Tu as bonne mine aujourd’hui, ça va mieux ! »
C’est maladroit car la « mine » ne reflète pas forcément les douleurs
intérieures. Diriez-vous à un proche : « tu n’as pas l’air d’être en
train de traverser un terrible divorce » ?
Et n’oubliez pas que,
lorsque cela va vraiment mieux, c’est presque toujours un répit, et non
un signe de rétablissement. Dans beaucoup de maladies chroniques, il y a
une alternance entre des jours affreux et des jours meilleurs.
•« Moi aussi je suis un peu fatigué en ce moment »
Vous ne vous rendez sans doute pas compte, mais vous êtes en train de
comparer une fatigue banale avec un état qui n’a rien à voir.
Jenny
Andrews, une femme de 42 ans affectée elle-aussi de fatigue chronique, a
donné cette image frappante : « Imaginez avoir une terrible nausée,
avec des sacs de pomme de terre attachés à chacune de vos jambes, et que
l’on vous demande de courir un marathon… Et cela, simplement pour
atteindre les toilettes ».
•« Aurais-tu des idées noires / as-tu vraiment le moral ? »
La plupart des maladies invisibles n’ont rien à voir avec la dépression - même si c’est une maladie invisible elle-aussi.
Ceux qui souffrent de douleurs ou fatigue chronique ont généralement
envie de faire mille choses… mais c’est leur état physique qui les en
empêche.
Alors quand vous leur demandez s’ils « ont le moral », avec
cette suspicion que le problème est dans leur tête, ils peuvent se
sentir piégés.
Car non, en effet, ils n’ont pas forcément le moral.
Difficile d’être positif, avec ces douleurs, cet épuisement, cette
incompréhension qui les entoure. Oui, il leur arrive d’avoir envie de
pleurer. De hurler parfois.
Mais c’est leur état qui leur mine le moral, et non pas la tristesse qui les met dans cet état !
Dites ceci !
Il y a une chose très simple que vous pouvez dire à quelqu’un qui souffre.
Quelque chose d’incroyablement fort et puissant.
« Je te crois »
Vous serez surpris de voir à quel point cela le ou la touchera.