Maud Petit
Question N° 16290 au Ministère des solidarités
Question soumise le 29 janvier 2019
Mme Maud Petit attire l'attention de Mme la ministre des
solidarités et de la santé sur les difficultés rencontrées pour
diagnostiquer la maladie de Lyme. La borréliose de Lyme est une maladie
bactérienne transmise à la suite d'une piqure de tique. En Europe, le
taux de tiques porteuses de la borréliose est de 30 % et elle touche
près de 27 000 personnes chaque année en France. Il s'agit là d'une
préoccupation sanitaire majeure pour la France mais également pour tout
le continent européen. Cependant, il s'avère qu'il existe plusieurs
limites biologiques et techniques qui font entrave au dépistage ainsi
qu'au diagnostic de la maladie de Lyme : tout d'abord, les tests Élisa et Western Blot
ne décèlent pas systématiquement cette infection bactérienne car en sa
présence, le système immunitaire produit moins d'anticorps ; c'est
pourtant sur le facteur de la présence d'anticorps que se basent ces
tests. Ensuite, les tests de dépistage utilisés en France, recherchent
seulement 3 types de bactéries responsables de la maladie de Lyme, alors
que l'« American Society for Microbiology » estime qu'il existe de
nombreuses souches pathologiques de la borréliose (plus de 100 aux
Etats-Unis et environ 300 dans le monde entier). Enfin, les tests
permettant de détecter directement l'ADN de la bactérie dans le sang
(réduisant en plus le délai de diagnostic en comparaison avec les tests Élisa et Western Blot)
sont toujours dans l'attente d'un agrément des agences sanitaires
françaises. Pour plusieurs de ces raisons, de nombreux patients
obtiennent un diagnostic tardif, ce qui entraîne - en plus des symptômes
physiques - une souffrance psychologique importante. Certains patients
décident même d'aller se faire diagnostiquer à l'étranger. Il est
indispensable et urgent de trouver des solutions face à cette détresse.
De ce fait, elle souhaite l'interroger sur les mesures envisagées par le
Gouvernement pour mieux appréhender les difficultés à diagnostiquer la
borréliose de Lyme.
Réponse émise le 30 avril 2019
En janvier 2017, le
ministère chargé de la santé a mis en place un plan de lutte contre la
maladie de Lyme et autres maladies transmissibles par les tiques. Ce
plan a pour objectifs de renforcer la prévention, d'améliorer et
uniformiser la prise en charge des patients par la mise à jour des
recommandations, et d'organiser des consultations spécialisées pour les
patients atteints de maladies transmissibles par les tiques. Le
diagnostic de maladie vectorielle à tiques se fonde avant tout sur des
critères cliniques, les examens biologiques éventuels sont prescrits sur
la base de ces critères. Les résultats biologiques pris isolément
n'apportent pas de certitude diagnostique. Les recommandations actuelles
de prise en charge des patients tiennent compte de ce fait et sont
susceptibles d'être actualisées en fonction de l'évolution des
connaissances. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des
produits de santé (ANSM), ainsi que le centre national de référence des
borrélia, ont procédé à des évaluations des réactifs de laboratoires ;
les rapports d'évaluation sont accessibles sur les sites internet
respectifs des deux organismes. Un contrôle du marché des notices des
réactifs de recherche par réaction de polymérisation en chaîne de l'ADN
bactérien est en cours à l'ANSM. La prise en charge des patients, fondée
sur des recommandations scientifiques, est sensiblement la même partout
en Europe et en Amérique du Nord. Il peut exister à l'étranger quelques
établissements utilisant des méthodes diagnostiques non validées,
exposant de ce fait les patients à un risque de diagnostic par excès. La
direction générale de la santé travaille, en lien avec les agences
régionales de santé, à la mise en place de centres spécialisés pour la
prise en charge des patients. La prise en charge pluridisciplinaire
pratiquée dans ces centres doit permettre de prévenir les errances
thérapeutiques, de poser un diagnostic précis et d'éviter un certain
nombre de traitements inefficaces voire dangereux. Ce dispositif
constitue une réelle avancée dans la prise en charge des patients et
dans la compréhension des mécanismes de la maladie.