collecte section Bourgogne

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La Maladie de Lyme : mythe ou réalité.



TEMOIGNAGE 

La Maladie de Lyme : mythe ou réalité.

Par un beau samedi après-midi de mai 2008, je me suis retrouvé avec une tique accrochée à ma peau. C'était la première fois que je voyais une tique. Mon chien, Charlot, un jack russell de 2 ans, s'est retouvé avec un nombre important de tiques dans les oreilles et sur le corps. Un traitement systémique à l'Éprinex pour Charlot régla son problème. J'ai retiré ma tique avec une paire de pince hémostatique en suivant les procédures usuelles. Le samedi suivant, retour au boisé avec Charlot, et réinfestation. Traitement systémique et fin des sorties en forêt pour Charlot. Ce boisé est situé à quelques kilomètres de ma résidence personnelle dans la municipalité de Sainte-Justine de Newton. Étant un fervent amateur de la nature, j'entretiens des boisés et récupère les arbres morts pour mon bois de chauffage.

De par ma profession, médecin vétérinaire, la Maladie de Lyme me vint à l'esprit .J'ai immédiatement consulté la toile pour en connaître plus sur la maladie. Mais mon esprit était quand même assez serein, je le saurais s'il y avait des cas positifs dans la région. Et la vie continue ....

Dans les semaines qui suivirent, une fatigue chronique s'installe, une sudation excessive à l'exercice, une myalgie importante des membres supérieurs après exercice, une incontinence nocturne et des céphalées que je classifiraient de sub-cliniques. Mon sommeil est perturbé, je ne dors pas plus de 2 à 3 heures d'affilées et le sommeil n'est pas récupérateur . Mon appétit diminue et s'installe un syndrome grippal caractérisé par un écoulement nasal séreux et une pharyngite chronique. J'ai une voix de rocker. Il s'ensuit une perte de poids importante, 7kg en 10 semaines. Une réaction cutanée apparaît au site de la morsure de la tique. Cette lésion mesure 1.5cm de largeur par 1.3cm de longeur. Elle est surélevée de 1mm et non douloureuse. Elle est rouge et présente de petits nodules blancs en son centre. De plus, une adénopathie axillaire et sous-mandibulaire se développe progressivement.

Le 20 août 2008, je consulte mon médecin de famille et l'informe que j'ai la Maladie de Lyme. L'amoxil fut prescrit, 500mg TID pour deux semaines. Le médecin me dit de revenir dans deux semaines si les symptômes persistent. Les symptômes s'estompent graduellement mais une arthrite sceptique s'est développée au niveau de mon poignet gauche, la même journée que je rencontre mon médecin de famille. Analyse : Maladie de Lyme. Plan : amoxil 500mg QID pour 2 semaines. Le 19 septembre 2008, mon médecin m'informe que les résultats de l'Élisa pour Borrelia burgdorferi sont négatifs. Eureka me dis-je, je n'ai pas la Maladie de Lyme. Fin des antibiotiques. Les myalgies, les pipis au lit, les arthrites sceptiques et les autres symptômes sont disparus. L'insomnie et la fatigue chronique persistent.

Le 10 octobre 2008, je consulte mon médecin de famille et lui dit que je suis encore malade et que je veux un diagnoctic différentiel. Nous vérifions donc une panoplie de maladie infectieuse. En résumé, une leucocytose neutrophilique avec lymphopénie et monocytose s'est développée. Les Igm atteingnent le double de la valeur normale avec présence de paraprotéine et une gammaglobulopathie monoclonale modérée. Je suis référé pour une biopsie de la lésion cutanée. Ce fut fait le 6 octobre 2008 .

Le 22 octobre 2008, je prends rendez-vous avec mon médecin de famille. Il me dit que mes ganglions sont plus caoutchouteux et que je suis en train de guérir !!! Plan : expectative. Nous attendons les résultats de la biopsie. Je suis en colère ...et mes signes cliniques réapparaissent progressivement, mais je suis en rémission selon mon médecin ...C'est ici que le mot "patient" prends toute sa signification.

Le 8 novembre 2008 fut une journée cauchemardesque. J'ai visité deux urgences dans la même soirée. Dx : sinusite chronique. J'ai déjà souffert de sinusite chronique et je peux vous dire à ce moment que je n'avais pas de sinusite chronique...et que je n'ai point rempli les prescriptions.

Le 15 novembre 2008, j'assiste à la conférence du Dr.Bouchard sur la Maladie de Lyme dans le cadre du congrès de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Je suis très attentif. Je découvre le test de dépistage de la compagnie IDEXX par l'intermédiaire de Mme.Andrews. Elle me met en relation avec Mme. Suzanne Marineau, la porte-parole de l'Association canadienne des gens atteints de la Maladie de Lyme. � partir de ce moment, les choses se bousculent. Mme.Marineau me confirme que je présente tous les symptômes de la Maladie de Lyme.

Le 19 novembre 2008, je retourne visiter mon médecin de famille. Je lui demande d'être référé au Ottawa General Hospital au département des maladies infectieuses et je veux une prescription de doxacycline 100mg BID pour 42 jours. Ce qui fut fait .

La prise des antibiotiques améliore ma situation clinique de fa�on très significative. Le 28 novembre 2008, je me retrouve très, très, très malade. C'est la réaction d'Herxheimer, je n'élaborerai pas sur le sujet, la toile vous sera utile. Je me retrouve à l'urgence le 1 décembre 2008 avec une pression systolique à 200 et une pression diastolique à 130. Mon pouls est à 130. Le 2 décembre 2008, je me retrouve à l'urgence du Ottawa General Hospital. J'ai passé 100 heures sans dormir. Mon coeur veut sortir de ma cavité thoracique. Dx : symptôme d'atteinte du nerf vague. C'est mieux qu'une sinusite chronique. Le lendemain, 3 décembre 2008, je rencontre le Dr.Garber, chef du département des maladies infectieuses de l'Université d'Ottawa. La batterie de tests est prescrite.

Le 7 janvier 2009, je rencontre le Dr.Garber. Dx : Tularémie. Enfin .Arrêt des antibiotiques. Ma première bière depuis le 19 novembre 2008 fut un délice. Je suis présentement en arrêt de travail depuis le 1 décembre 2008. Ma situation clinique s'améliore de jour en jour. � suivre...

Chers confrères, si je peux vous donner un conseil, c'est de rester vigilant à toute morsure de tique . Et n'oubliez jamais que le diagnostic de la Maladie de Lyme est un diagnostic clinique basé sur les signes cliniques et non sur les résultats de laboratoire.

Je ne suis que la pointe de l'iceberg. Je connais une autre personne de ma région qui présente les mêmes signes cliniques que j'ai présenté. Elle est sous évaluation...à suivre .

Conclusion : je suis bien heureux d'être médecin vétérinaire.

Dr.Fernand Dubé m.v.