Témoignage du Dr. D, Nancy
"Un Caniche Abricot"
"Un Caniche Abricot"
Au début, ce n'était presque rien.
Un léger pincement, presque rien, à ma cheville gauche.
Ce jour-là ma salle d'attente débordait.
C'était une belle journée ensoleillée d’un printemps plein de promesses.
C'était il y a 20 ans.
Je me souviens :
Pour les patients du jour, c’était le tour de la dame âgée, celle que j'avais aperçue auparavant, somnolente dans un des fauteuils de la salle d'attente.
Sous son siège, il y avait un petit caniche de couleur abricot.
Je m’amusai : la dame et le canin avaient tout deux la même coiffure à bouclettes.
Maintenant la dame âgée s'avançait vers moi, trottinait vers le bureau, son caniche abricot sur les talons.
Je sais ce que vous allez me dire : « Comment ? Un chien dans un cabinet médical ! Quel manque d'hygiène ! ».
Parfois, les toubibs sont des idiots, ils ne veulent pas faire de peine aux vieilles dames.
Et par cette belle journée, j'ai longuement examiné la propriétaire du canidé, puis je l’ai raccompagnée avec quelques mots d’encouragement, j’ignorais encore que nos destins, désormais, étaient étroitement mêlés.
Une longue litanie de consultation a suivi. Trente patients, peut-être plus.
Et la journée s'acheva avec le soleil qui se couchait, et le sentiment du devoir accompli.
C'est à ce moment que je l'ai remarquée :
Presque rien : juste un petit pincement à la cheville gauche. À bien regarder, en voilà une histoire ! Violacée comme un grain de raisin muscat, une énorme tique gorgée de sang émerge de ma cheville gauche : merci le caniche !
À cette époque, une tique ça ne faisait peur à personne : vite enlever, vite désinfecter avec un peu d'alcool et de Fucidine, et hop ! Le tour est joué. On oublie.
Ce n'est qu'après, longtemps après comme disait Brel…
Un léger pincement, presque rien, à ma cheville gauche.
Ce jour-là ma salle d'attente débordait.
C'était une belle journée ensoleillée d’un printemps plein de promesses.
C'était il y a 20 ans.
Je me souviens :
Pour les patients du jour, c’était le tour de la dame âgée, celle que j'avais aperçue auparavant, somnolente dans un des fauteuils de la salle d'attente.
Sous son siège, il y avait un petit caniche de couleur abricot.
Je m’amusai : la dame et le canin avaient tout deux la même coiffure à bouclettes.
Maintenant la dame âgée s'avançait vers moi, trottinait vers le bureau, son caniche abricot sur les talons.
Je sais ce que vous allez me dire : « Comment ? Un chien dans un cabinet médical ! Quel manque d'hygiène ! ».
Parfois, les toubibs sont des idiots, ils ne veulent pas faire de peine aux vieilles dames.
Et par cette belle journée, j'ai longuement examiné la propriétaire du canidé, puis je l’ai raccompagnée avec quelques mots d’encouragement, j’ignorais encore que nos destins, désormais, étaient étroitement mêlés.
Une longue litanie de consultation a suivi. Trente patients, peut-être plus.
Et la journée s'acheva avec le soleil qui se couchait, et le sentiment du devoir accompli.
C'est à ce moment que je l'ai remarquée :
Presque rien : juste un petit pincement à la cheville gauche. À bien regarder, en voilà une histoire ! Violacée comme un grain de raisin muscat, une énorme tique gorgée de sang émerge de ma cheville gauche : merci le caniche !
À cette époque, une tique ça ne faisait peur à personne : vite enlever, vite désinfecter avec un peu d'alcool et de Fucidine, et hop ! Le tour est joué. On oublie.
Ce n'est qu'après, longtemps après comme disait Brel…
Un jour il y a eu cette fatigue : j'étais harassée. Quel médecin n'est pas harassé ? Debout huit heures, couchée 22 heures, deux enfants, 35 patients par jour, allez hop ! Ce n'est pas grave ! Aspirine et café, un pater et trois ave, ça va repartir !
Mais la fatigue durait.
Mes amis disaient : « Pourtant, tu es une bosseuse ! Secoue-toi ! »
Alors j'ai secoué, beaucoup secoué, beaucoup avalé de cafés, de vitamines C, des litres de Coca-Cola, du guarana, du Ginseng : pas mieux, ça n'allait pas mieux ! Beaucoup dormi aussi, mais le sommeil ne réparait rien. Une nuit de 12 heures me laissait aussi fatiguée que la veille au soir.
Un jour, il y a eu cette sciatique : costaud, la sciatique ! Exquise la douleur, comme ils disent ! Le bon docteur W., neurologue, me soigne avec du Rivotril : « comprenez Madame, y'a rien à la radio ! On va pas vous opérer une hernie discale qui n'existe pas ! »
Bon an mal an, elle a fait 12 printemps la sciatique !
Et cette fatigue qui cognait toujours…
Des ganglions, aussi, sous les bras, dans le cou : « Ah bah ! Me dit le bon docteur C. Ça doit être un lymphome ! Oh, remarquez, un petit lymphome ! Il n’évoluera pas vite ! J'en vois des comme ça, pas souvent mais j'en vois ! Vous inquiétez pas ! » Quoi ? Et pas de traitement ? Non, non, le bon docteur C. ne voit pas quel traitement donner. Tout de même je vérifie mes assurances-vie, comprenez, pour les enfants, et à cause du lymphome.
L'asthénie toujours, tous les jours. Des trous de mémoire aussi, j'ai peur : et si je faisais des erreurs dans les ordonnances ? Parfois je ne trouve plus le nom des médicaments, parfois c'est celui de patients que j'oublie !
Et puis ces tremblements : mes mains tremblent, j'ai peur de mes gestes médicaux. Je parle en tremblant : on dirait que j'ai bu. Mon visage s'anesthésie, le côté droit. Comme une toile d'araignée sur la figure. Cette sensation se prolonge dans le bras droit : je lâche mes stylos, je lâche mes seringues, je ne sens plus rien à la palpation des malades.
Plus étrange : j'ai un patient devant moi et j'en vois deux ! L'image se dédouble, ça arrive de temps en temps, ça s'accompagne de drôles de sensations : une insensibilité le long de mes jambes.
À ce stade, le Docteur W. et moi-même faisons ensemble le même diagnostic qui semble évident : c'est une sclérose en plaques aucun signe ne manque !
Courage Docteur ! On va vous faire une IRM avec, pour interpréter, le meilleur neuro radiologue de tous les temps.
Courage Docteur, car à l’IRM il y a des trous dans la substance blanche, hum, hum ! Sept petits trous bien visibles, pas nombreux, c'est sûr ! Mais ce doit être une sclérose en plaques.
Le caniche abricot avait quitté mon cabinet médical depuis plus de 10 ans.
Sclérose en plaques, pas drôle, surtout pour les enfants ! Vite, préparer l'avenir ! Demander un crédit pour un appartement adapté au handicap avant que la maladie ne soit avérée et qu'on me refuse ce crédit.
Ma peau : elle forme des ulcères. Qui ne guérissent pas. Le bon docteur B. dermatologue, dit : « Ah bah ! Ce sont des lésions de grattage ! Calmez-vous ! »
I.R.M. de contrôle : les trous dans le cerveau ont changé de place : « C’est curieux dit le neuro-radiologue.
I .R.M de la moelle épinière : « Bonne nouvelle ! » dit le radiologue « il n'y a pas de trou dans la moelle, ce n'est pas une sclérose en plaques ! »
Dès lors, je ne sais toujours pas ce que j'ai, mais tous les jours, il me faut un palan pour sortir du lit, les muscles de mes jambes et de mes bras ont des mouvements anormaux et cloniques : j'ai un bon sens de truc neurologique, qui me grignote les nerfs, mais quoi ?
Je fais des crises d'épilepsie, je suis prise de sueurs, de syncopes, de fièvres : et tout ça n'a pas de nom ?
Combien de journées de travail j'ai manquées ? Combien de patients j'ai reportés ? Combien d’innombrables congés maladie sans un sou d’indemnité ? Je ne connais que les conséquences : les patients qui grognent, les factures qui s'accumulent, les commandements à payer, la terreur qui s'installe.
Bon sang mais qu'est-ce que j'ai !!! J'essaye les antidépresseurs, les tranquillisants, la méditation, les antiépileptiques, les bains chauds, l'argent colloïdal, et échappe de justesse à l'exorcisme que me propose un ami. « Elle a toujours quelque chose, c'est dans sa tête, elle est mal dans sa peau ! »
Voici 15 ans que le caniche abricot m'a rendu visite. Et soudain, alors qu'on va fermer mon cabinet médical parce que je ne parviens plus à travailler, je repense au féroce canin et au gros grain de raisin muscat gonflé de sang : la tique, bon sang ! La tique bien sûr !
Mais la fatigue durait.
Mes amis disaient : « Pourtant, tu es une bosseuse ! Secoue-toi ! »
Alors j'ai secoué, beaucoup secoué, beaucoup avalé de cafés, de vitamines C, des litres de Coca-Cola, du guarana, du Ginseng : pas mieux, ça n'allait pas mieux ! Beaucoup dormi aussi, mais le sommeil ne réparait rien. Une nuit de 12 heures me laissait aussi fatiguée que la veille au soir.
Un jour, il y a eu cette sciatique : costaud, la sciatique ! Exquise la douleur, comme ils disent ! Le bon docteur W., neurologue, me soigne avec du Rivotril : « comprenez Madame, y'a rien à la radio ! On va pas vous opérer une hernie discale qui n'existe pas ! »
Bon an mal an, elle a fait 12 printemps la sciatique !
Et cette fatigue qui cognait toujours…
Des ganglions, aussi, sous les bras, dans le cou : « Ah bah ! Me dit le bon docteur C. Ça doit être un lymphome ! Oh, remarquez, un petit lymphome ! Il n’évoluera pas vite ! J'en vois des comme ça, pas souvent mais j'en vois ! Vous inquiétez pas ! » Quoi ? Et pas de traitement ? Non, non, le bon docteur C. ne voit pas quel traitement donner. Tout de même je vérifie mes assurances-vie, comprenez, pour les enfants, et à cause du lymphome.
L'asthénie toujours, tous les jours. Des trous de mémoire aussi, j'ai peur : et si je faisais des erreurs dans les ordonnances ? Parfois je ne trouve plus le nom des médicaments, parfois c'est celui de patients que j'oublie !
Et puis ces tremblements : mes mains tremblent, j'ai peur de mes gestes médicaux. Je parle en tremblant : on dirait que j'ai bu. Mon visage s'anesthésie, le côté droit. Comme une toile d'araignée sur la figure. Cette sensation se prolonge dans le bras droit : je lâche mes stylos, je lâche mes seringues, je ne sens plus rien à la palpation des malades.
Plus étrange : j'ai un patient devant moi et j'en vois deux ! L'image se dédouble, ça arrive de temps en temps, ça s'accompagne de drôles de sensations : une insensibilité le long de mes jambes.
À ce stade, le Docteur W. et moi-même faisons ensemble le même diagnostic qui semble évident : c'est une sclérose en plaques aucun signe ne manque !
Courage Docteur ! On va vous faire une IRM avec, pour interpréter, le meilleur neuro radiologue de tous les temps.
Courage Docteur, car à l’IRM il y a des trous dans la substance blanche, hum, hum ! Sept petits trous bien visibles, pas nombreux, c'est sûr ! Mais ce doit être une sclérose en plaques.
Le caniche abricot avait quitté mon cabinet médical depuis plus de 10 ans.
Sclérose en plaques, pas drôle, surtout pour les enfants ! Vite, préparer l'avenir ! Demander un crédit pour un appartement adapté au handicap avant que la maladie ne soit avérée et qu'on me refuse ce crédit.
Ma peau : elle forme des ulcères. Qui ne guérissent pas. Le bon docteur B. dermatologue, dit : « Ah bah ! Ce sont des lésions de grattage ! Calmez-vous ! »
I.R.M. de contrôle : les trous dans le cerveau ont changé de place : « C’est curieux dit le neuro-radiologue.
I .R.M de la moelle épinière : « Bonne nouvelle ! » dit le radiologue « il n'y a pas de trou dans la moelle, ce n'est pas une sclérose en plaques ! »
Dès lors, je ne sais toujours pas ce que j'ai, mais tous les jours, il me faut un palan pour sortir du lit, les muscles de mes jambes et de mes bras ont des mouvements anormaux et cloniques : j'ai un bon sens de truc neurologique, qui me grignote les nerfs, mais quoi ?
Je fais des crises d'épilepsie, je suis prise de sueurs, de syncopes, de fièvres : et tout ça n'a pas de nom ?
Combien de journées de travail j'ai manquées ? Combien de patients j'ai reportés ? Combien d’innombrables congés maladie sans un sou d’indemnité ? Je ne connais que les conséquences : les patients qui grognent, les factures qui s'accumulent, les commandements à payer, la terreur qui s'installe.
Bon sang mais qu'est-ce que j'ai !!! J'essaye les antidépresseurs, les tranquillisants, la méditation, les antiépileptiques, les bains chauds, l'argent colloïdal, et échappe de justesse à l'exorcisme que me propose un ami. « Elle a toujours quelque chose, c'est dans sa tête, elle est mal dans sa peau ! »
Voici 15 ans que le caniche abricot m'a rendu visite. Et soudain, alors qu'on va fermer mon cabinet médical parce que je ne parviens plus à travailler, je repense au féroce canin et au gros grain de raisin muscat gonflé de sang : la tique, bon sang ! La tique bien sûr !
Le sérodiagnostic western-blot, technique Mikrogen revient très positif : Lyme, dix fois cent fois, j'ai la maladie de Lyme !
Ce qui suit , après un tel diagnostic est un long chemin. Mais un chemin vers la guérison. Il faut une longue errance pour trouver les bonnes publications, et les bons traitements, et les bonnes doses de bons traitements. Des années de lecture de la littérature scientifique -et moins scientifique- sur la borréliose. Des essais qui ne marchent pas, et d'autres qui redonnent espoir.
Plus de deux ans d'antibiothérapie. D'abord ceux que prescrit dans son excellent ouvrage le Docteur Horowitz. Puis ceux que j'apprends à prescrire en écoutant attentivement le professeur Péronne de Garches. Pendant des années, je les écoute, je les suis, je digère leur riche enseignement.
Pendant des années aussi, je vois venir à moi des malades de la maladie de Lyme. Je les soigne, hésitante au début, de plus en plus sûre de moi par la suite. Les traitements marchent. Sur moi, sur eux. Il y a maintenant des années que je soigne le Lyme ; quinze, ou vingt cas par jour. Heureusement, à ce rythme vient l’expérience.
Bien sûr, on n'y va pas avec le dos de la petite cuillère. Pas question de soigner le Lyme comme une banale angine ! Il serait fou de donner quelques grammes de pénicilline pour tuer ce serial killer, cette bactérie changeante qui se planque, s’enkyste, s’enrobe de gangue de mucus, et pour toutes ces raisons devient inaccessible aux antibiotiques.
Éliminer un Lyme n'est pas une mince affaire. C'est un long apprentissage, fait d’une observation stricte de l'enseignement des maîtres, et de connaissances progressivement acquises au fil du temps. Tout d'abord, pour traiter Lyme, il faut laisser reposer sa confiance sur les travaux de ceux qui se sont consacrés à la maladie depuis des années. Ce sont eux qui nous permettent aujourd'hui de cibler au plus juste. Donner des antibiotiques pour les formes vivantes, pour les formes intracellulaires, pour les formes à parois, pour les formes enkystées. Jusqu'à trois antibiotiques par traitement. Éviter les petites doses, elles n'ont aucun intérêt sinon celui de faire faire des économies aux caisses d'assurance-maladie, ou peut-être, d'éviter aux médecins de se faire prendre la main dans le sac aux prescriptions excessives. Soyons honnêtes. N'ayons pas peur. Soit on soigne correctement le Lyme, soit on bricole avec de petites doses pour éviter d’avoir des ennuis avec les caisses d’assurances maladie.
Traiter une maladie de Lyme c'est s’adapter au patient, aux cycles de la maladie, aux résistances des bactéries.
Pour le traitement antibiotique Il faut faire « tourner » les antibiotiques. Afin de ne pas développer de résistance, afin de traiter toutes les formes de la maladie. Il faut un traitement long, et des doses conséquentes : en période de poussée 6 g de Clamoxyl par jour pendant quatre à six semaines sont souvent nécessaires. Cette posologie est fonction de l’âge et du poids du patient. Les autres antibiotiques utilisables sont les cyclines, les macrolides et en particulier l'azithromycine, le flagyl, la ciprofloxacine, les sulfamides.
Rarement, il faudra traiter sans antibiotique et utiliser l’art de la phytothérapie, e l’aromathérapie.
En plus du « kit antibiotique de survie », Il faudra penser à donner des enzymes comme la streptodornase pour éliminer le film muqueux autour des bactéries. Ne pas oublier de recharger le patient en potassium, magnésium, vitamines et minéraux. En parallèle, aider le travail du foie et des reins : la phytothérapie apporte dans ce domaine de bons résultats.
Ne pas oublier de penser à tout.
Dans l’ordre, le désordre, ou selon l’intuition clinique :
Penser à effectuer une recherche d'une intoxication aux métaux lourds qui pourrait fragiliser l'immunité.
Penser à éliminer un syndrome postural qui aggraverait les douleurs.
Penser à prescrire des antifongiques.
Donner systématiquement des pros biotiques gastro résistants de très bonne qualité à distance des prises d'antibiotiques.
Penser à vérifier qu'il n'existe pas de co infection(Babesiose, bartonellose, fièvre Q, Rickettsiose, piroplasmose, mycoplasme, mycoses, mononucléose etc.)
Penser à vérifier régulièrement le taux des anticorps par un western Blot Mikrogen pour s'assurer de l'efficacité du traitement.
Penser à faire un frottis goutte épaisse pour détecter les formes vivantes ou réactivées de la maladie.
Penser à continuer le traitement après l’antibiothérapie avec de la phytothérapie (bardane bourrache quinquina, fumeterre, vigne vinifère, ail des ours, etc.) , de l’homéopathie, de l’acupuncture et des thérapies par LED pour l’énergie, de l’ostéopathie, de la kinésithérapie.
Penser, penser toujours et encore, penser surtout à se former. Penser enfin qu’on ne pense pas assez à Lyme devant un patient chronique, penser qu'on n’apprendra jamais assez.
Ce qui suit , après un tel diagnostic est un long chemin. Mais un chemin vers la guérison. Il faut une longue errance pour trouver les bonnes publications, et les bons traitements, et les bonnes doses de bons traitements. Des années de lecture de la littérature scientifique -et moins scientifique- sur la borréliose. Des essais qui ne marchent pas, et d'autres qui redonnent espoir.
Plus de deux ans d'antibiothérapie. D'abord ceux que prescrit dans son excellent ouvrage le Docteur Horowitz. Puis ceux que j'apprends à prescrire en écoutant attentivement le professeur Péronne de Garches. Pendant des années, je les écoute, je les suis, je digère leur riche enseignement.
Pendant des années aussi, je vois venir à moi des malades de la maladie de Lyme. Je les soigne, hésitante au début, de plus en plus sûre de moi par la suite. Les traitements marchent. Sur moi, sur eux. Il y a maintenant des années que je soigne le Lyme ; quinze, ou vingt cas par jour. Heureusement, à ce rythme vient l’expérience.
Bien sûr, on n'y va pas avec le dos de la petite cuillère. Pas question de soigner le Lyme comme une banale angine ! Il serait fou de donner quelques grammes de pénicilline pour tuer ce serial killer, cette bactérie changeante qui se planque, s’enkyste, s’enrobe de gangue de mucus, et pour toutes ces raisons devient inaccessible aux antibiotiques.
Éliminer un Lyme n'est pas une mince affaire. C'est un long apprentissage, fait d’une observation stricte de l'enseignement des maîtres, et de connaissances progressivement acquises au fil du temps. Tout d'abord, pour traiter Lyme, il faut laisser reposer sa confiance sur les travaux de ceux qui se sont consacrés à la maladie depuis des années. Ce sont eux qui nous permettent aujourd'hui de cibler au plus juste. Donner des antibiotiques pour les formes vivantes, pour les formes intracellulaires, pour les formes à parois, pour les formes enkystées. Jusqu'à trois antibiotiques par traitement. Éviter les petites doses, elles n'ont aucun intérêt sinon celui de faire faire des économies aux caisses d'assurance-maladie, ou peut-être, d'éviter aux médecins de se faire prendre la main dans le sac aux prescriptions excessives. Soyons honnêtes. N'ayons pas peur. Soit on soigne correctement le Lyme, soit on bricole avec de petites doses pour éviter d’avoir des ennuis avec les caisses d’assurances maladie.
Traiter une maladie de Lyme c'est s’adapter au patient, aux cycles de la maladie, aux résistances des bactéries.
Pour le traitement antibiotique Il faut faire « tourner » les antibiotiques. Afin de ne pas développer de résistance, afin de traiter toutes les formes de la maladie. Il faut un traitement long, et des doses conséquentes : en période de poussée 6 g de Clamoxyl par jour pendant quatre à six semaines sont souvent nécessaires. Cette posologie est fonction de l’âge et du poids du patient. Les autres antibiotiques utilisables sont les cyclines, les macrolides et en particulier l'azithromycine, le flagyl, la ciprofloxacine, les sulfamides.
Rarement, il faudra traiter sans antibiotique et utiliser l’art de la phytothérapie, e l’aromathérapie.
En plus du « kit antibiotique de survie », Il faudra penser à donner des enzymes comme la streptodornase pour éliminer le film muqueux autour des bactéries. Ne pas oublier de recharger le patient en potassium, magnésium, vitamines et minéraux. En parallèle, aider le travail du foie et des reins : la phytothérapie apporte dans ce domaine de bons résultats.
Ne pas oublier de penser à tout.
Dans l’ordre, le désordre, ou selon l’intuition clinique :
Penser à effectuer une recherche d'une intoxication aux métaux lourds qui pourrait fragiliser l'immunité.
Penser à éliminer un syndrome postural qui aggraverait les douleurs.
Penser à prescrire des antifongiques.
Donner systématiquement des pros biotiques gastro résistants de très bonne qualité à distance des prises d'antibiotiques.
Penser à vérifier qu'il n'existe pas de co infection(Babesiose, bartonellose, fièvre Q, Rickettsiose, piroplasmose, mycoplasme, mycoses, mononucléose etc.)
Penser à vérifier régulièrement le taux des anticorps par un western Blot Mikrogen pour s'assurer de l'efficacité du traitement.
Penser à faire un frottis goutte épaisse pour détecter les formes vivantes ou réactivées de la maladie.
Penser à continuer le traitement après l’antibiothérapie avec de la phytothérapie (bardane bourrache quinquina, fumeterre, vigne vinifère, ail des ours, etc.) , de l’homéopathie, de l’acupuncture et des thérapies par LED pour l’énergie, de l’ostéopathie, de la kinésithérapie.
Penser, penser toujours et encore, penser surtout à se former. Penser enfin qu’on ne pense pas assez à Lyme devant un patient chronique, penser qu'on n’apprendra jamais assez.
Mais avant tout, ne jamais recevoir de caniche abricot.
Dr D., Nancy