lundi 3 septembre 2012
LA MALADIE DE LYME
Voici un article très intéressant sur une maladie provoquée par les
tiques avec lesquels tous les chasseurs sont en contact très
régulièrement.
Cet article a été écrit par deux professeurs de l'université Victor Ségalen, tous 2 chasseurs à Carcans.
Cet article a été écrit par deux professeurs de l'université Victor Ségalen, tous 2 chasseurs à Carcans.
Un bécassier qui veut rester en bonne santé regarde
et montre son corps après la chasse
Tous les chasseurs connaissent la tique (photo) et ont
l’habitude de la trouver solidement ancrée à la peau, parfois plusieurs jours
après avoir parcouru les bois.
Les bécassiers sont particulièrement concernés : ils
s’aventurent souvent hors des chemins balisés, enjambent les ronces et les
fougères, pénètrent dans les hautes herbes où les attendent - patientes mais
avides de sang - des milliers de tiques prêtes à fondre sur leur proie. Tout
cela relèverait de l’anecdote si ces acariens hémophages n’avaient pas le
défaut de transmettre une bactérie nommée Borrelia burgdorferi (photo), en
l’honneur de Willy Burdorfer qui, en 1982, montra qu’elle était responsable de
la maladie de Lyme.
La maladie de Lyme est insidieuse, elle se développe sur des
années, voire des décennies, et elle peut, si elle n’est pas identifiée et
traitée, conduire à des handicaps physiques et mentaux graves. Pour ne rien
arranger, la maladie de Lyme est aujourd’hui en plein développement. Pour
toutes ces raisons, le chasseur doit la connaître pour mieux s’en prémunir.
Cette maladie porte le nom de la ville de Lyme dans le
Connecticut où, en 1975, elle fut pour la première fois décrite.
La bactérie Borrelia, qui cause la maladie, se reproduit
d’abord dans l’intestin de la larve de tique. À ce stade, elle ne peut pas
encore se déplacer par elle-même. Lorsque la tique pique et se gorge de sang,
la bactérie devient alors mobile et gagne les glandes salivaires d’où elle est
injectée dans le corps du chasseur, du promeneur, ou encore d’un animal. Il
semble que la bactérie ne soit que rarement transmise dans les 36 premières
heures qui suivent la morsure, à cause du temps nécessaire à sa migration
jusqu’aux glandes salivaires de la tique.
Il importe donc d’inspecter, ou de faire inspecter son
corps après une période de chasse, à la recherche de points noirs qui peuvent
être minuscules, souvent localisés dans les plis naturels (l’aine, l’intérieur
des coudes ou des genoux, les aisselles, le pubis). Il faut ensuite extraire la
tique en ayant soin de la saisir le plus près possible de son point d’attache,
au niveau de sa tête, sans écraser son abdomen. Les pharmaciens vendent une
pince adaptée à l’opération mais, avec de l’habitude et des
ongles, on y parvient sans difficulté.
L’examen du chien est également recommandé car la présence
de tiques conduira à un examen plus attentif du corps du chasseur.Il faut
ensuite savoir reconnaître les premiers signes de l’infection, très divers et
jamais systématiques. Le symptôme précoce le plus classique d’un début
d’infection est une éruption inflammatoire cutanée (photos), qui apparaît dans
le mois qui suit la morsure de la tique.
Elle prend une forme circulaire rougeâtre de 1 à 2 cm,
qui s’étend de manière concentrique (photo).
Ces signes dermatologiques peuvent s’accompagner d’une
courte fièvre, d’une raideur de la nuque, de douleur dans les articulations, de
fatigue.
Lorsque ces signes sont observés et que l’on se rappelle
avoir été mordu récemment par une tique, il faut consulter son médecin, qui
prescrira un traitement antibiotique administré pendant plusieurs semaines. Il
est important de respecter la durée et la dose prescrite car l’histoire a toutes les chances d’en rester
là, la bactérie ayant été éradiquée.
Malheureusement, plus de la moitié des infections ne sont
pas identifiées lors de ce premier stade. Soit parce que les symptômes ont été
très discrets, soit parce que l’on n’a pas pensé à évoquer la maladie ou encore
parce que l’on ne la connaît pas. C’est fâcheux, car quelques semaines, mois ou
années après la morsure, la bactérie Borrelia commence à se répandre dans
d’autres parties du corps, avec des signes neurologiques (douleurs radiculaires
dans les bras ou les jambes, paralysies faciales, notamment) et des signes rhumatologiques
(arthrite du genou). Le traitement antibiotique à ce stade est encore possible.
Il est le plus souvent couronné de succès.
Dans un troisième stade de la maladie, plus tardif (après
plusieurs années), l’infection non traitée peut se généraliser et les symptômes
devenir chroniques. Les troubles sont alors très divers, tous les organes
pouvant être touchés. Une défaillance cardiaque peut apparaître et, parfois
même, entraîner la mort.
La maladie de Lyme est aujourd’hui en plein développement
avec plus de 50 000 nouveaux cas chaque année en Europe, 10 000 pour
notre seul pays. La maladie est d’autant plus fréquente que les tiques sont
nombreuses et qu’une grande proportion d’entre elles est porteuse de la
bactérie Borrelia. Ces chiffres sont variables d’une région à l’autre, d’un
écosystème à l’autre. La région de France la plus touchée est l’Alsace, avec la
moitié des cas français à elle seule (carte).
On estime que 15 % des chasseurs français ont été en
contact avec la bactérie. On ne sait pas ce qu’il en est des bécassiers en
particulier. Plusieurs explications sont avancées pour expliquer la
recrudescence de cette maladie. Il faut d’abord chercher du côté des animaux
qui nourrissent les tiques. La raréfaction des prédateurs conduit à la
pullulation des petits mammifères et du gibier qui constituent autant de
vecteurs et de réservoirs pour la bactérie, et de sources de nourriture pour la
tique. La prolifération des tiques s’explique peut-être aussi par la raréfaction
de leurs prédateurs naturels : lézards, tritons, salamandres, grenouilles
et crapauds.
Il existe même une espèce d’hyménoptères qui parasitent la
tique et dont les populations ont effectivement régressé. Les certitudes
manquent dans ce domaine, mais il semble probable que la maladie de Lyme soit
le reflet d’un déplacement des équilibres écologiques.
Quoi qu’il en soit,
la priorité pour le chasseur est de se prémunir du risque d’infection et de ses
conséquences. En résumé, l’attitude à adopter doit être la suivante :
-
inspectez
votre corps après une journée de chasse ainsi que celui de votre chien ;
-
retirez
immédiatement toute tique trouvée sur votre corps, en prenant soin de la pincer
au niveau de sa tête et non pas du ventre. Tirez droit jusqu’à ce que la tique
se détache. Cela peut prendre jusqu’à 60 secondes : ne lâchez pas ;
-
observez-vous
dans les 30 jours qui suivent la morsure. Si une auréole rouge apparaît au
point de morsure, ou si vous constatez des symptômes de grippe (fièvre, maux de
tête, courbatures, ganglions, maux de gorge, mal aux articulations, fatigue),
parlez-en à votre médecin en lui signalant que vous avez été mordu. S’il ne
connaît pas la maladie de Lyme, allez en voir un autre.
Emmanuel
Lagarde et Jean François Dartigues
Unité INSERM 897,
Université Bordeaux Ségalen
Merci à nos amis pour leurs conseils qu'il convient de suivre de près car cela peut avoir de très graves conséquences.